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- Jour 2 -
Traversée de Belledone

  Jeudi 18 août, il est bientôt 8h et nous roulons vers le point de départ de cette deuxième étape, à Salignière – Rioupéroux. Nous arrivons du Bourg-d'Oisans en longeant la Romanche. Il fait jour, cela permet d'apprécier le paysage et surtout les versants de cette belle vallée encaissée : ils sont raides.

  Hier, cuit par la terrible descente, j'appréhendais le départ de ce matin mais la nuit s'est plutôt bien passée et le réveil sans difficulté. Finalement je me sens serein et je crois que j'ai bien récupéré.

  Avant de se lancer à l’assaut du mur de Belledone, les organisateurs ont décidé de nous faire courir 2 ou 3 km dans le village pour étirer le peloton. Ça permet aussi de redémarrer la machine et tout fonctionne bien.

  Un dernier petit virage et on attaque la pente. C'est parti pour environ 1200m de dénivelé positif avant le ravitaillement de Larselle. Il y a du monde et je suis le rythme du groupe mais je me sens vraiment bien et fini par distancer quelques concurrents sans vraiment forcer. Je suis agréablement surpris. Je m'offre même le loisir de prendre des photos sans me faire doubler. Trop la classe !!

  Nous sommes accueillis en haut par quelques gouttes de pluie et ce n'est pas plus mal pour repartir tranquillement en courant. Pour le moment nous ne souffrons pas de la chaleur, elle qui m'a valu un abandon l'année dernière dans ce même massif.

  Je pointe le bout de mes bâtons à Larselle vers 9h52, en avance sur mes prévisions. Je m'y arrête seulement quelques secondes pour grignoter un petit bout de gâteau et repars en mode petites foulées économiques, je gère.

  Les nuages et une pluie fine s'installent autour de nous mais ne gâchent en rien le paysage. Cela donne même une teinte et une atmosphère particulière à la montagne. Je reconnais bien le massif de Belledone, et dans ce paysage, je suis dans ma bulle.

  A la Croix de Chamrousse, je retrouve ma femme qui est montée en téléphérique. Ce n'était pas prévu et c'est vraiment cool de la voir là. Malgré la pluie et le froid, il y a du monde et l'ambiance est plutôt sympa. Je m'arrête pour boire un thé et manger quelques tucs : c'est devenu mon ravitaillement type depuis la veille mais je ne m'attarde pas trop car je suis juste dans les temps sur mes prévisions. Je me répète, les prévisions c'est très aléatoire en trail mais quand on est suivi par quelqu'un il faut bien s'organiser un peu. En plus, je ne voudrais pas arriver trop tard pour pouvoir profiter un peu de l'après midi et récupérer. C'est qu'il y a encore deux jours de course après ça !

  Direction le Lac Robert par la piste de ski. C'est assez raide et je m'efforce de faire des petits virages pour ne pas trop forcer sur les cuisses. Je l'avoue, ce n'est pas très concluant.

  La pluie finie par s'arrêter et la température remonte rapidement alors que nous entamons un tronçons plutôt gentil en dénivelé mais assez technique sur le sentier. C'est sur cette partie que je mettrai plus de temps que prévu car je ne pensais pas avoir un rythme si lent. En même temps je profite pleinement du décor grandiose, des différents lacs que nous longeons, des vues magnifiques sur les autres massifs...

  Arrivé au refuge de la Pra je croise mon premier Patou, allongé sereinement dans l'herbe tel un sphinx à côté de quelques brebis. A ce poste de ravitaillement en eau, je pointe tout juste à la 100ième place au classement global comprenant tous les coureurs de la journée. Je suis agréablement surpris car je sens bien que je ne suis pas à fond. Je refais rapidement le plein de ma super nouvelle gourde à eau et je me remets en route, direction le Grand Colon avec un petit raidillon de quelques 300m. En chemin, nous passons par le Lac Merlat où je rigole un peu avec un photographe et un bénévole juste avant d'entamer la partie chronométrée du « meilleur grimpeur ».

  En haut la vue est incroyable ! Nous sommes à 2400m d'altitude et devant nous, en bas, s'étend Grenoble et toute la vallée. En face le massif de Chartreuse que nous arpenterons samedi. Je reste là au moins 10mn, en compagnie d'un autre photographe qui à ce moment là, travaille dans l'un des plus beaux bureau du monde.

A plus de 2000m au dessus de la vallée

  Je lui laisse mes bâtons car d'ici la ligne d'arrivée il n'y a plus qu'un petit 100m à monter. Rien de bien terrible.

  Dans la première partie de cette dernière portions, la pente est par endroit très raide, dans des chemins d'exploitations creusés d'ornières qui rendent la course très technique et difficile. Il faut être vigilant pour ne pas tomber et fortement solliciter les cuissots pour contrôler la vitesse. En même temps, j'y prends un certain plaisir mais je crois, y laisse beaucoup d'énergie. Les derniers kilomètres de descentes sur routes et chemins me paraissent de plus en plus long, mon rythme ralenti de plus en plus.

  Finalement, à travers les arbres, apparaissent les premières toitures des maisons de La Plaine. J'ai la sensation d'un atterrissage avec un avions dont les moteurs sont en fin de course. Et comme sur le tarmac d'un aéroport en plein été, je suis cueilli par le soleil et la chaleur qui règne dans le fond de la vallée de l'Isère.

  J'ai les guibolles en compote et le parcours ici n'a plus aucun intérêt. Il est quasiment impossible d'y chercher une once d'énergie. Entre marche et course je me motive comme je peux et c'est finalement en retrouvant d'autres concurrents que mes jambes vont réussir à traverser l'Isère et me porter jusqu'à la ligne d'arriver.

  Je termine cette étape au bout de 8h22 de course. 52 minutes de plus que ce que j'avais prévu mais je sais maintenant, après cette deuxième expérience, que ce n'est pas la monté la grosse difficulté mais bel et bien la descente. On y consomme beaucoup plus d'énergie.

  Puis c'est la descente...

  Le chemin plonge vers la vallée puis s'engouffre dans les nuages qui montent le long de la pente. Je tiens une allure tranquille mais efficace. J'arrive maintenant à la Baraque du Colon. Je quitte le niveau des alpages pour entrer rapidement dans la forêt. Ici, le sentier est souple sous les sapins, la pente pas trop raide. J'accélère, saute par dessus les racines, dérape dans les virages pour relancer à nouveau. Les sensations de vitesse sont enivrantes, c'est un vrai régal !

  Malheureusement, ce mono trace ne dure pas et le tracé de la course débouche sur une longue piste forestière puis du bitume jusqu'au ravitaillement de Freydière. Je cours toujours sur un bon rythme mais la rudesse de la piste puis de la route vont rapidement entamer les muscles de mes jambes. Et surtout qu'est ce que ça semble long !

  Au détour d'un énième virage, le ravitaillement montre le bout de son nez. Ma femme est là mais m'encourage à repartir rapidement car je suis en retard sur mes prévisions. Ben oui à force de tailler le bout de gras avec les bénévoles et les photographes, le compteur kilométrique tourne moins vite. En plus, avec un petit groupe de coureur nous avons perdu du temps à rechercher le balisage sur une portions de bitume.

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